LA FONTAINE SAINT-RADEGONDE
Incontestablement, la fontaine la plus connue en forêt de Montmorency est celle de Sainte-Radegonde. Elle faisait partie du domaine du prieuré du Bois-Saint-Père, situé sur le territoire de Bouffémont. Ce prieuré, appelé parfois à tort prieuré de Sainte-Radegonde, fut fondé en 1135 par Mathieu 1er de Montmorency et placé sous l’autorité de l’abbaye Saint-Victor de Paris. Comme beaucoup de lieux de culte gallo-romains, cette fontaine était certainement un ancien lieu de culte païen christianisé au début du Moyen-âge, comme l’était la fontaine Saint-Flaive à Sannois ou le lac Marchais à Deuil. Un polissoir en grès néolithique trouvé près de la fontaine démontre que le lieu était fréquenté dès cette époque.
QUI EST LA SAINTE-RADEGONDE ?
La fontaine faisait l’objet d’un pèlerinage effectué autrefois chaque lundi de Pâques depuis le village de Saint-Prix. Depuis ce village, un chemin forestier, dit le «Chemin de la Messe», y mène. Pourquoi porte-t-elle le nom de Sainte-Radegonde, personne ne le sait. Mais assurément, Sainte-Radegonde n’est jamais venue en ce lieu. Qui était donc Sainte-Radegonde ? Radegonde est née vers 518 à Erfurt en Allemagne. Elle était la fille du roi de Thuringe. Sa famille est massacrée en 531 par Clotaire, un des fils de Clovis, qui la fait prisonnière, alors qu’elle avait à peine 12 ans. Emmenée de force à la villa royale d’Athies en Picardie, elle y reçoit une éducation religieuse.
En 538, Clotaire, devenu veuf, décida de l’épouser. Celle-ci s’enfuit, mais est rattrapée. Le mariage a finalement lieu à Soissons et Radegonde devint Reine des Francs. Contre la volonté de son mari, Radegonde se détache progressivement des richesses et des facilités de la vie de reine pour mener une existence pieuse et charitable auprès des pauvres. Consacrée diaconesse par Saint-Médard, évêque de Noyon, elle fonde un hospice à Vienne où elle s’occupe elle-même des malades et l’abbaye de Sainte-Croix près de Poitiers. Bien que retirée du monde, Radegonde garde une grande autorité dans tout le royaume jusqu’à la fin de sa vie. Elle meurt à Poitiers à l’âge de 68 ans et déclarée sainte peu de temps après. Plusieurs guérisons miraculeuses lui sont attribuées et de nombreux pèlerinages ont encore lieu aujourd’hui. Ces pèlerinages sont le 13 août et le 28 février sous le nom de Sainte-Radegonde d’hiver.
Dans l’église de Bouffémont, on peut voir une statue de la sainte datant du XVème siècle et provenant probablement du prieuré du Bois Saint-Père ainsi qu’un vitrail contemporain (1935) la représentant. L’eau de cette source était censée guérir les maladies de la peau, la gale mais aussi de la stérilité.